Né à Montbard le 29 mai 1716
Fils d’un notaire, destiné par sa famille à la prêtrise, il est envoyé à l’âge de 12 ans à Paris pour y étudier la théologie. A la mort de son père, il choisit la voie de la médecine. Reçu Docteur de la faculté de médecine à Reims, il connaît pendant un temps la vie de médecin de campagne à Montbard.
Il est éloigné de sa charge par Georges-Louis Leclerc qui le nomme « Garde et démonstrateur du Cabinet d’Histoire Naturelle » en 1745. Son travail consiste à faire du cabinet un « livre ouvert sur la Nature ». A cette fin, il doit assurer la difficile préservation des collections, leur distribution, c’est-à-dire leur disposition et leur augmentation. L’attrait pour l’histoire naturelle, la renommée grandissante du Cabinet du Roy incitent les dons des particuliers, des sociétés savantes et des souverains. Buffon décerne à bon escient un brevet pour encourager et gratifier les plus zélés. Ainsi, du monde entier, les « Correspondants du Jardin du Roy » expédient à Paris des spécimens encore inconnus.
Daubenton, 2e personnalité historique de Montbard
Daubenton, figure plus discrète que celle de l’illustre naturaliste Buffon, aura marqué Montbard en tant que son collaborateur fidèle pendant la réalisation des 15 premiers volumes de "L’Histoire Naturelle". Il a de solides qualités pour cela : justesse d’esprit, exactitude des observations et patience dans les expérimentations, plus de la moitié des chapitres de ces quinze volumes sont écrits de sa main. Il apporte à Buffon toutes les observations scientifiques à partir desquelles le génie audacieux de ce dernier va proposer des hypothèses souvent hardies et retranscrire la puissance de la nature grâce à son brillant style rédactionnel. Cette collaboration prend fin en 1767, lorsque Buffon écrit le premier volume des oiseaux.
Il aura aussi été le premier directeur du Muséum d’histoire naturelle et figure indissociable de l’acclimatation et de l’élevage des mérinos en France. De ces fait, un lien étroit a uni Montbard à Paris qui en conserve la mémoire par des noms de lieux et notamment la station « Censier-Daubenton » du métropolitain.
Louis Jean-Marie Daubenton fera avancer les connaissances scientifiques dans de nombreux domaines : anatomie comparée, minéralogie, paléontologie, espèces animales, botanique...
Daubenton, un scientifique méthodique
Pour chaque espèce, Daubenton examine de la même manière et suit dans ses recherches, comme dans la rédaction de ses articles, un plan uniforme et constant : étude de l’aspect externe, mensurations de l’animal et de son squelette, observations des viscères et autres organes caractéristiques de l’espèce. Daubenton cherche à lier l’organe à sa fonction, à comparer le même organe chez différents animaux ou les différents types d’organes chez un même animal. Ainsi, il ne se contente pas d’analyser la jambe du cheval : il la confronte à la jambe de l’homme pour préciser les analogies, afin de « mieux comparer tous les animaux les uns aux autres ».
En outre, ses nombreuses dissections lui ayant révélé la conformité de la structure et du genre de vie, il entrevoit la possibilité d’une adaptation au milieu.
De 1749 à 1765, Daubenton se consacrera aux côtés de Buffon à décrire, comprendre et expliquer comment fonctionne la nature animale à travers 17 volumes de "L’Histoire Naturelle, générale et particulière", avec la Description du Cabinet du Roy.
L'aventure des Mérinos
A partir de 1782, Daubenton revient régulièrement à Montbard, surveiller son expérience d’acclimatation des moutons mérinos en France. C’est lui qui a introduit cette race sur le sol français. La réussite de cette initiative lui vaut d’être appelé par les sans-culottes « le berger Daubenton ». Il est nommé membre du sénat en 1799, mais frappé d’apoplexie, en pleine séance, il meurt dans la nuit de 31 décembre 1799. Il est inhumé dans le labyrinthe du Museum à Paris.
Ses travaux restent encore de nos jours des éléments de référence dans le monde scientifique, notamment ses publications tels son mémoire sur "L’Amélioration des bêtes à laine" en 1777 et, en 1782, son mémoire consacré à "L’Instruction pour les bergers et les propriétaires de troupeaux".
Daubenton, père de l'anatomie comparée
Dès 1753, Buffon et Daubenton posent un principe d’une grande importance dans l’histoire de la biologie et des sciences naturelles, ce qu’on appellera plus tard « l’unité de plan de composition ». Les animaux, ou du moins le plus grand nombre d’entre eux, sont construits sur le même plan. Ainsi dans sa description du cheval, Daubenton montre l’exacte ressemblance de structure entre le squelette du cheval et celui de l’homme. Nous sommes ici à la naissance de l’anatomie comparée. Daubenton ouvre la voie à Cuvier qui fera bientôt de l’anatomie comparée un système cohérent.
Daubenton, précurseur de la minéralogie systématique
Les dernières années de sa vie ont été essentiellement tournées vers la minéralogie : en 1793, lors de la création du Muséum d’Histoire Naturelle, on lui laisse le soin de choisir sa chaire, en tant que doyen d’âge des officiers du Jardin. Il crée ainsi la Chaire de Minéralogie, qu’il occupe jusqu’à sa mort en 1800. Son sens aigu de la pédagogie suscite des vocations et non des moindres : pour la minéralogie on retient en particulier René-Just Haüy, qui posera les bases de la cristallographie géométrique
Daubenton a acquis dans le domaine des minéraux une connaissance fine en particulier par la mise en ordre des collections toujours grandissantes du Cabinet du Roy. Il s’est détaché des seuls critères de beauté, de perfection ou de curiosité qui caractérisaient les cabinets. On lui doit ainsi les premières bases de la minéralogie systématique au Muséum. De son travail est né un "Tableau méthodique des minéraux" qu’il a perfectionné jusqu’en 1796.
2016, l'année du tricentenaire
La ville de Montbard a souhaité lui rendre un hommage appuyé à l’occasion du tricentenaire de sa naissance. La programmation du Musée et Parc Buffon de Montbard a été ainsi ponctuée d’événements (expositions, rencontres et conférences, célébrations officielles, restaurations, ouvertures exceptionnelles) qui ont permit d’aborder différentes facettes de la personnalité de Louis Jean-Marie Daubenton.
De nombreux sujets se rattachants à Daubenton ont pu être présenté aux publics :
- son rôle dans la naissance d’une science
- la paléontologie et le glissement des cabinets de curiosités aux cabinets d’histoire naturelle
- son travail de précurseur dans le domaine de la minéralogie
- l’invention du Mérinos en France et plus généralement la question animale
- la zoologie et l’anatomie comparée.
Ces thématiques ont été abordées à travers une exposition temporaire d’avril à octobre 2016 au Musée Buffon, un cycle de conférences, des événements grand public et la participation aux grands événements nationaux. Les enfants ont été sensibilisés par le travail pédagogique mené tout au long de l’année dans le cadre des animations scolaires.
Télécharger le dossier de presse du Tricentenaire de Daubenton (PDF - 4,64 Mo)